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le kiosque des Citoyens du Monde

(27,2) Juillet 1989

  Rencontre avec le Cameroun : les ILD

Sommaire du Fonds Mondial

IL y a 500 groupes d'initiative locale de développement - I.L.D. - dans le département de La LEKIE, dont 77 dans l'arrondissement de SA'A. Seulement 20 parmi les 500 ont déposé des statuts.

Le point commun des objectifs de tous ces groupes est d'améliorer les conditions locales d'existence pour permettre aux jeunes de vivre au pays au lieu d'aller grossir l'exode rural vers les grandes villes, qui mène immanquablement à la délinquance

Le FONDS MONDIAL est en rapport avec deux d'entre eux : l'ÉQUIPE DE FEMMES DE NKOLNTSA depuis novembre 1987 (voir MONDA SOLIDARECO n° 23et 24) et l'Association LAVENIR de NKOM 2 dont il est question dans un autre article page 4 de ce numéro. Cependant quatre dossiers nouveaux ont été proposés au FONDS MONDIAL suite au passage de ses émissaires Rose-Marie et Alain.

A NKOLNTSA ils ont rencontré l'équipe des six femmes et leur animateur, Joseph qui, de stage en stage, a acquis une foule de compétences pratiques (animation sociale, petit élevage, culture de l'ananas, infirmerie, petite hydraulique..). Ils ont visité leurs réalisations, longuement écouté l'histoire les difficultés et les espoirs du groupe. Des sources sont aménagées, mais pas toutes ; une case sociale est construite, mais pas équipée ; la ligne électrique passe au-dessus du village, mais ne le de dessert pas ; Joseph sait soigner la plupart des maladies endémiques (paludisme, rougeole, filarioses...)mais n'a plus de médicaments que les villageois n'ont pas les moyens d'acheter à l'hôpital de SA'A ; un champ communautaire de manioc est la proie des acridiens et celui d'ananas doit être agrandi (c'est l'objet du contrat avec le FONDS MONIDIAL). Au total les moyens sont loin d'être à la hauteur des besoins ni de la bonne volonté et du dynamisme du groupe qui ne ménage pas sa peine. Et les projets sont nombreux ! Il est clair que la population doit maintenant sortir de la chasse perpétuelle aux dons et aux subventions en dégageant elle-même les ressources nécessaires à la réalisation de ses projets. C'est le sens de la participation du FONDS MONDIAL et de la mise en place du Projet en cours.

A NKOM II, pilotés par Camille qui est à l'origine de LAVENIR, Rose-Marie et Alain ont rencontré une bonne partie de la cinquantaine de membres de l'Association et visité les équipements du village et les plantations communautaires. Les conditions physiques (sol de médiocre qualité) et psychologiques y sont particulièrement rudes. NKOM II est l'exemple archétypique des villages de La Lékié où le territoire agricole a atteint la limite du morcellement et où la saturation territoriale de peuplement pousse les dysfonctionnements sociaux à l'extrême. Cela justifiait que LAVENIR projette d'exploiter communautairement des terres " vierges " dans le département voisin du MBAM, que Rose-Marie et Alain ont visitées aussi. Le financement de ce Projet a été décidé après que leur enquête ait montré que cette initiative était appropriée et qu'elle aurait des répercussions positives profondes sur l'évolution sociale de NKOM II.

Et puis d'autres Projets leur ont été soumis sur place : à NKOLMEKI, pour développer des cultures légumières ; à EBOGO, MBAMA et NKOLZOA pour lancer ou relancer des élevages de poulets de chair et de poules pondeuses. Dans tous les cas il s'agit de groupes qui désirent affecter une partie des bénéfices à des réalisations communautaires telles que le captage de l'eau potable, la construction ou l'équipement des écoles et cases sociales, la construction de cases d'habitation décentes. D'une façon générale, lorsque l'argent est disponible, c'est la population qui effectue les travaux : le savoir-faire ne manque pas et ne demande qu'à s'exercer.

Le foisonnement d'initiatives locales peut donner d'abord une impression d'anarchie et, de fait, l'individualisme marqué des populations de La Lékié d'une part, la difficulté des communications d'autre part pourraient entraîner un manque de cohérence dommageable à l'ensemble de ces I.L.D.

Ceci est tempéré par deux facteurs :

  • l'identité des objectifs de ces I.L.D. qu'on peut résumer par " vivre décemment au village ", objectifs parfaitement réalistes eu égard aux ressources locales,
  • l'existence d'organismes de formation et d'encadrement par où passent tous les animateurs. Ces organismes sont soit officiels (ex. : ONPD = Office National de Participation au Développement), soit politiques (ex.: OFRDPC = Organisation des Femmes du Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais), soit religieux (ex. : CRAT = Centre Rural d'Appui Technique de SA'A), soit des Organisations Non-Gouvernementales comme l'APICA à DOUALA (Association pour la Promotion des Initiatives Communautaires Africaines), INADES-FORMATION (Institut Africain pour le Développement Économique et Social) et le SAILD (Service d'Appui aux Initiatives Locales) à YAOUNDE. Certains commencent même à surgir des I.L.D, elles-mêmes, comme le BOSSAPAL (Bureau d'Orientation et de Solidarité à l'Action des Projets Paysans de la Lékié) qui pourrait se poser à terme en relais naturel du FONDS MONDIAL au plan local.

Nous ne pouvons nommer ici tous les organismes en place dans cette région, mais il est certain que tous travaillent dans le même sens et, parfois, de concert. Tous proposent des modes d'action originaux et des prestations constructives, certains éditent des revues éducatives d'un grand intérêt (APICA, INADES, SAILD).

Rose-Marie et Alain sont revenus avec une conviction : en Afrique, quelque chose est en train de basculer dans le bon sens; D'abord dans la tête des gens où la lassitude de la dialectique misère - assistance fait place à l'initiative locale. Ensuite sur le terrain où se mettent : en place des quantités de réalisations dont le nombre et la vitesse de réalisation ne sont limités que par l'insuffisance de savoir-faire et le manque de moyens et non plus par le comportement humain. La responsabilisation croissante des personnes et des collectivités détermine un goût nouveau qui cherche bien naturellement à s'appliquer dans tous les domaines qui promettent un mieux-être.

Et puis la pratique du FONDS MONDIAL a paru à nos émissaires tout à fait adaptée aux modes de solidarité traditionnelle des populations qu'ils ont visitées. Dès lors qu'elles y adhèrent, le FONDS MONDIAL est leur chose et non plus un simple financeur extérieur. C'est en somme une tontine planétaire !

C'est Mgr ZOA, Évêque de YAOUNDE, qui souhaite : " des micros projets pour une macro vision " : une belle définition qui sied comme un gant à l'action du FONDS MONDIAL.

Alain Cavelier

 

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