index de Monda Solidareco

le kiosque des Citoyens du Monde

 (39,1) Janvier 1993

INGERENCE ET LEGITIMITE

Sommaire du Fonds Mondial

1993 naît sous de bien décevants auspices. Le monde résonne à nouveau de bruits et de fureurs et des Balkans à l'Indonésie, du Kurdistan à l'Angola, du Mozambique au Cambodge, du Caucase à la Somalie, de l'Asie Centrale au Pérou, du Liberia au Moyen-Orient, etc., l'intolérance et la violence, apanages des nationalismes mal compris saignent la communauté humaine et établissent les bases de rapports de haine durables et toujours plus menaçants.

Au spectacle toujours plus médiatisé de l'horreur, le coeur et la raison nous dictent que ceci n'est plus supportable et que " pour réduire ces conflits d'un autre âge, il serait sans doute utile d'intervenir au moins pour protéger les populations martyrisées, au mieux pour supprimer les causes des conflits. "

Et c'est ainsi que, depuis trois ans, l'idée d'ingérence a fait doucement son chemin pour légitimer l'intervention de tiers dans des conflits spécifiques locaux. Comment refuser l'idée d'une protection armée des secours humanitaires et de populations déstabilisées par la violence ? Comment refuser que la générosité s'interpose pour repousser les mâchoires de l'étau refermé sur des victimes non combattantes ? Et pourtant.

" Pourtant l'ingérence peut être la meilleure et la pire des choses si elle est improvisée comme nous le constatons actuellement. Car qui peut s'arroger le droit d'intervenir chez autrui, et au nom de quoi ? Quel pays peut garantir aux yeux de la communauté mondiale et aux yeux des belligérants que son immixtion dans des affaires qui ne sont pas les siennes est dépourvue d'arrières pensées ? La manipulation évidente des Nations Unies par une grande puissance, les États-Unis, au moment de la guerre du Golfe marque d'emblée la limite de la confiance qu'on peut accorder à la notion d'ingérence. Ne voit-on pas que, en fonction des intérêts étatiques en jeu, on se précipite pour intervenir, alors qu'on oublie de le faire ailleurs ?

Et puis, sur quels critères base-t-on l'impératif d'ingérence ? A partir de quel moment considère-t-on qu'il y a " violation massive des droits de l'homme "justifiant l'ingérence ? En caricaturant un peu les Français ; qui s'estiment autorisés à secourir par les armes les affamés de Somalie, supporteraient-ils que des tiers viennent chez eux secourir par les armes leurs compatriotes qui meurent de froid (faites confiance à notre système économique : il y en aura de plus en plus) ?

Car il manque une chose essentielle, dont personne ne parle, pour que l'ingérence devienne effectivement la meilleure des choses c'est sa légitimité.

Comment légitimer l'ingérence ? Une seule méthode est irrécusable : celle qui en confie la décision et l'exécution à des organes supranationaux indépendant des intérêts des États et représentant réellement la volonté des personnes, des peuples, des nations. Le succès du principe d'ingérence passe par une réforme profonde du système des Nations Unies dans ce sens. Il ne suffit pas de le dire, il faut le faire. Pour le faire, il faut en répandre largement l'idée : allez-y mutualistes du FONDS MONDIAL et vous serez parmi ceux qui font vraiment avancer l'Histoire. On peut discuter du " droit " et du " devoir " d'ingérence, mais en réclamant la légitimation démocratique des Nations Unies, vous exercerez votre droit et votre devoir de Citoyens du Monde

Alain Cavelier

Envoyer un message

 

abonnement ou adhésion

    haut