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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


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Juin 1993. Guy MARCHAND nous a quittés. Le Centre Français des CITOYENS DU MONDE a édité un bulletin spécial pour rendre hommage à l'homme qu'il était et à son action. Avec une persévérance rare, pendant 45 ans, Guy n'a eu de cesse de dénoncer la souveraineté absolue des Etats. Ces dernières années, Guy publiait mensuellement "La Lettre Mondialiste" d'où nous extrayons l'article ci-contre. Pour bon nombre de nos lecteurs, ce sera un occasion de découvrir la globalité des thèses mondialistes

ETAT DE DROIT AU NIVEAU DE LA PLANETE

Guy Marchand, Avril 1993

 

Représentant le Registre International des Citoyens du Monde et le Mouvement Fédéraliste Mondial, j'ai eu l'occasion de faire une intervention devant le groupe de travail mixte UNESCO/ONG "Education aux droits de la personne, à la tolérance, à la démocratie et à la paix" présidé par M. Gicquel le 23 octobre 1992. Ci-dessous le résume qui m'a servi de trame pour un cours aux Etudiants de l'Institut d'Etudes des Relations Internationales (ILERI), le 5 mars 1993 et un exposé au Club "Défense de l'Homme", le 15 mars 1993.

ONU : Il faut modifier les conceptions dépassées et inapplicables d'une souveraineté nationale illimitée".

U THANT

"Le temps de la souveraineté absolue et exclusive est dépassé"

Boutros Boutros-Ghali

"Le champ de la compétence nationale s'amenuise".

Federico Mayor.

L.EVANS et René MAHEU, directeurs généraux de l'UNESCO, se sont montrés des mondialistes convaincus, ainsi que Pandit Nehru, Lord Autee, Willy Brandt, Edgar Faure, Albert Einstein, Yehudi Menuhin, Peter Ustinov, Alfred Kastler ou Jean Rostand.

POURQUOI UN ETAT DE DROIT ?

Tant que les hommes ne seront pas parfaits, c'est-à-dire tant qu'ils ne sauront pas arrêter leur liberté où commence celle des autres, il devront choisir entre l'Etat de Droit ou l'état de violence.

Certes, il fut des périodes très courtes, où d'autres formes d'organisation des groupes humains se sont manifestées basées par exemple, pour les Quakers aux Etats-Unis, sur la morale religieuse ou, pour les anarchistes de Barcelone, sur l'éthique rationnelle.

LA NATION

Ce principe d'Etat de droit démocratique est basé sur :

Cette forme d'organisation est celle qui régit un Etat démocratique dans lequel les citoyens, qui sont souverains, acceptent cependant de déléguer une partie de cette souveraineté au profit de règles communes qui les protègent contre la violence et l'injustice.

LE MONDE

L'ETAT SOUVERAIN refuse ce que le simple CITOYEN accepte, c'est-à-dire de déléguer une partie de sa propre souveraineté au profit d'instances mondiales qui lui assureraient paix et justice.

Et pourtant, une vingtaine de Constitutions nationales comportent une clause qui autorise, sous réserve de réciprocité, une éventuelle limitation de souveraineté.

LES THESES MONDIALISTES

Depuis toujours, des penseurs ont émis des idées allant dans ce sens, mais c'est surtout à la fin de la deuxième guerre mondiale que les thèses mondialistes s'élaborent pour éviter une troisième guerre mondiale.

Des tendances vers un Etat de Droit se sont manifestées en 1899 : à la demande de Bertha Von Suttner. Le gouvernement russe propose la convocation de la première Conférence de la Paix à la Haye afin d'étudier la possibilité d'un Etat de Droit entre les Etats. Il s'agissait de mettre fin à l'état de violence qui déchirait l'Europe. Cette suggestion se heurte au refus des militaires français et allemands. Même situation en 1907, ces opposants triomphent en 1914, évitant la 3ème conférence de la paix, prévue en 1915.

Face à ces échecs, le constitutionnaliste Woodrow Wilson, président des Etats-Unis, propose de créer une Société des Peuples. Sans succès. Ce sera la Société des Nations, totalement impuissante. Et très vite, la deuxième Guerre mondiale.

Après cette deuxième Guerre mondiale, les Fédéralistes mondiaux et les Citoyens du Monde suggèrent, sous l'appellation "mondialisme", une nouvelle organisation politique de l'humanité impliquant le transfert de certaines parties de la souveraineté nationale à une autorité fédérale mondiale capable de résoudre par décisions majoritaires les quelques problèmes qui mettent en cause la survie de l'humanité : guerre, faim, pollution, surpopulation et énergie.

Ces problèmes essentiellement mondiaux doivent donc se résoudre au niveau où ils se posent, c'est-à-dire au niveau mondial. Or, aucun organisme contraignant n'existe à l'échelle de la planète qui permette d'étudier ces problèmes et leur apporter solution. L'ONU ? direz-vous, mais l'ONU n'est constituée que de la juxtaposition d'Etats souverains qui, chacun en son sein, viennent défendre précisément leur souveraineté (voir article 2 paragraphe 7)

Cette"érosion", ainsi que le disait René CASSIN est souhaitée par les mondialistes pour créer, démocratiquement, une autorité fédérale supranational mondiale et contraignante.

Dans les pays démocratiques, les citoyens votent au niveau de la commune, de la région, de la nation et, pour les Européens, au niveau de l'Europe. Mais pas au niveau mondial, alors qu'il existe des problèmes mondiaux.

Voici quelques-unes des actions menées par les mondialistes dans le but précisément de rendre la parole aux peuples, à tous les peuples :

CE QUE DEMANDENT LES MONDIALISTES

* création d'un législatif mondial : l'Assemblée générale de l'ONU serait le Sénat mondial et une deuxième chambre, celle du peuple mondial. Une première étape pourrait être une assemblée de délégués désignés par les parlements nationaux.

* Réforme de la Charte des Nations-Unies afin de donner à l'ONU le pouvoir qui lui fait défaut.

* Création d'une police mondiale composée de préposés indépendants des Etats souverains, dépendant directement de l'ONU afin de faire respecter la loi.

* Une Cour mondiale pour juger les criminels de guerre.

* Création d'une autorité mondiale de l'Environnement.

* Création d'une autorité mondiale chargée de faire respecter les droits de l'homme,

* création d'une autorité mondiale de solidarité chargée d'assurer l'autosuffisance alimentaire.

Mais l'obstacle n° 1 reste la souveraineté nationale absolue qui empêche de prendre les décisions indispensables au niveau où elles devraient être prises.

On s'achemine vers des nationalismes exacerbés de plus en plus nombreux ou vers le mondialisme.

Guy Marchand
Avril 1993


page réalisée par Daniel Durand