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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(42,3)

URGENCE POUR LE DEVELOPPEMENT

Informations et commentaires à partir d'un dossier publié par A.U.I (Action d'Urgence Internationale)

2. SINISTRES et AIDE INTERNATIONALE

La première partie, "catastrophes dites naturelles" présentait le lien entre niveau de développement et conséquences des catastrophes, le non-respect de l'environnement et la pauvreté aggravant l'ampleur des sinistres. La question se posait de savoir si l'aide internationale était bien appropriée aux attitudes et aux besoins des sinistrés.  

Le plus souvent, il existe une différence entre l'idée que l'on se fait des évènements liés à une catastrophe et la réalité. Pour comprendre la réalité, il est nécessaire de considérer les facteurs culturels dans les comportements d'une population sinistrée. Ceux-ci ne sont pas déterminés par les caractéristiques objectives de la situation mais par la représentation individuelle de cette situation. Les conduites en réponses au désastre en dépendent directement.

Les cas de panique et de fuite sont exceptionnels ; si les sinistrés peuvent être sujets à certains troubles, ils restent généralement très actifs ; les conduites sont le plus souvent inspirées par l'altruisme et le souci des autres. Il semble que, au niveau individuel, ce soit pour beaucoup l'occasion de la découverte de sa propre responsabilité vis à vis des autres, de son importance dans le tissu social. Plusieurs témoignages font état de l'extraordinaire capacité d'organisation des personnes, de prises d'initiatives, de solidarité (à Mexico, 1986, 95 % du sauvetage avait été fait dans les deux premières heures).

Les autorités organisant les secours devraient respecter ces aptitudes, consolider les activités des gens, agir en complémentarité et non en substitution.

Après une catastrophe naturelle de grande ampleur, les besoins des sinistrés sont considérables. Des opérations de secours peuvent épuiser les ressources prévues pour financer les programmes de développement pendant toute une année. Donc l'aide internationale est indispensable - laissés à eux-mêmes les gens ne peuvent s'en sortir - mais elle doit, pour être efficace, renforcer les initiatives des populations auxquelles elle est destinée, répondre à leurs besoins et s'attaquer aux causes principales des catastrophes.

Si elle ne répond pas à ces critères, l'aide peut être inefficace, voire même dangereuse :

Souvent l'aide étrangère est une aide à très court terme, inorganisée qui répond plus à l'idée que se font les donateurs des besoins des sinistrés qu'aux besoins réels. Elle est plus soumise aux pressions nées de l'émotion suscitée par la catastrophe qu'aux demandes formulées par les populations. L'aide internationale d'urgence obéit à des motivations qui vont du désir sincère d'aider des êtres humains en détresse jusqu'à un certain opportunisme financier, commercial ou géopolitique.

Il est parfois plus "profitable" de dépenser 500.000 dollars pour transporter, prêter un hôpital mobile pour quelques semaines que 300 000 dollars pour reconstruire un hôpital.

En fait la plupart des pays sont en mesure de faire face aux conséquences immédiates des catastrophes et c'est à eux de déterminer en fonction de leurs ressources, du cas particulier du sinistres, quelle aide ils sollicitent.

C'est surtout par des actions à moyen terme (reconstruction) et à long terme (développement) que doit se manifester l'aide internationale. Cela commence à se pratiquer, surtout de la part des ONG.

Dans la mesure du possible, l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes post-catastrophes doivent être assumés par des responsables locaux. Et si des actions efficaces pour réparer des dommages causés par des séismes, des cyclones, des inondations, sont essentielles elle ne sont pas suffisantes. Il faut également éviter que les phénomènes naturels ne se transforment en catastrophes. D'où la nécessité de la prévention, de l'utilisation de solutions adaptées aux réalités économiques et culturelles locales.

C'est l'objectif d'Action d'Urgence Internationale qui, se elle a des équipes de sauveteurs de première urgence, a aussi en partenariat avec des ONG locales, mis en place des programmes d'éducation populaire dans les régions volcaniques en Colombie, la construction à partir des techniques et matériaux locaux d'un dispensaire parasismique au Chili, la formation d'équipes de secours dans les régions les plus vulnérables, et la formation de formateurs.

La pauvreté et le non-respect de l'environnement sont la cause de l'ampleur catastrophique des phénomènes naturels. L'aide internationale peut parfois se révéler un remède pire que le mal. Les populations des régions nanties doivent apporter une aide, une aide de solidarité, et non de générosité, une aide qui soutienne les initiatives et respecte l'organisation des populations concernées, une aide qui permette la reconstruction matérielle et psychologique lors de catastrophes et qui, surtout, permette l'émergence d'un développement durable. Travailler non pas pour les autres mais avec les autres, dit A.U.I.. C'est aussi ce que souhaite le FONDS MONDIAL.

Danièle Charier

 


page réalisée par Daniel Durand