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(73,5) Avril 2002

    LES JARDINS FAMILIAUX

Sommaire du Fonds Mondial

Nous poursuivons ici l'article paru dans Monda Solidareco n° 71, dans lequel Jean Marie Cordier a parlé des jardins familiaux des points de vue de l'économie familiale et locale, de la nutrition, de la formation et de l'expérimentation en agronomie, de la protection de l'environnement et de la vie sociale.

 

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A l'échelle individuelle, le jardin familial est incontestablement une planche de salut pour des habitants qui n'ont pas d'autres solutions pour mettre en valeur leur force de travail. Ce facteur est d'autant plus intéressant qu'il peut pratiquement assurer du travail à plein temps et des revenus utilisables en autoconsommation tout aussi régulièrement. Non seulement les productions du jardin familial peuvent sécuriser l'alimentation de la famille, mais elles peuvent devenir un facteur d'échanges, et bien évidemment un facteur d'échanges monétarisés.

Le jardinage est une culture intensive qui demande, pour nourrir une famille, moins de surface que le champ vivrier. Réalisé sur de très petites parcelles, le jardin trouve sa place partout où il y a de la terre disponible. Le jardin scolaire s'apparente au jardin familial : il permet une initiation des enfants au jardinage, à l'agronomie, à l'économie et les productions servent à améliorer l'ordinaire des élèves qui bénéficient des cantines scolaires ; c'est une autoconsommation. A une époque où pour des raisons diverses, la sécurité alimentaire est encore moins garantie qu'avant, on ne peut qu'encourager les individus, les familles, les écoles à cultiver des jardins. Mais pourquoi un programme porteur d'un tel potentiel n'a t-il pas été identifié plus tôt ? Il convient en effet de se poser cette question: "mais pourquoi, un programme ayant tant d'avantages n'a t-il pas été identifié et mis en œvre plus tôt ?"

La première réponse est la suivante : "il est identifié, mais il est mis en œvre de façon tout à fait insuffisante". On peut citer les programmes de l'INADES qui sont de très grandes réussites de formation par le jardinage, ou bien les conclusions du colloque d'agroforesterie de Bandung en 1985 qui présentent le jardin familial comme l'un des plus habiles moyens de lutte contre la déforestation.

Mais ces deux exemples, aussi intéressants qu'ils puissent être, ne suffisent pas à mettre en route toute la dynamique qu'il faudrait pour engager un tel programme. Alors, où sont les blocages ?

Incontestablement, il y a des blocages. Ces blocages sont considérés, à priori, comme difficiles à renverser, mais peut être est ce, parce que personne n'a jamais pris la peine de vraiment les identifier. En effet lorsque l'on pose les questions qui suivent que répond-on généralement ?

Que cultive t - on dans un jardin familial ?... "Des légumes".

Et qu'est ce que des légumes ?... "Des choux, des carottes, des aubergines, des laitues..."

Est ce la même gamme sous les tropiques ?... "Mais oui bien sûr, il y a de la chaleur et de l'eau... tout y pousse à condition de lutter contre les maladies..."

Ici commence la première fausse route. Car les légumes, comme les autres plantes ont leurs aires d'adaptation limitées par les thermopériodes et les photopériodes. Or vers les tropiques, ces limites sont en particulier les jours courts et les hautes températures. Bien sûr les "scientifiques" le savent. Mais qui y pense ?

 

Le second problème majeur, réside dans le fait que chacun soupçonne qu'il existe des légumes typiques de ces régions, mais qu'à l'exception de quelques spécialistes, nul n'est capable de les nommer, même de façon commune.

Plus grave encore, est le fait que les agronomes locaux formés à l'école occidentale et préoccupés par les spéculations dites les plus importantes, " cultures de rente " (produits d'exportation) et cultures vivrières (produits pour l'autosuffisance alimentaire), ne les connaissent pas non plus...

Qu'évoquent en vous les noms de : "baselle, amarante, luffa, momordica, gombo, corète, morelle ou encore justicia ou vernomia " ?

Enfin, contrainte définitive, même celui qui a surpassé les difficultés précédentes est incapable de vous dire où trouver les semences de ces espèces pour faire votre jardin... il n'existe aucun spécialiste de leur production et de leur distribution.

Voilà sans doute le point de départ et d'arrivée de toute la problématique du jardin familial : où trouver des semences pour cultiver son jardin ?

 

Jean-Marie Cordier est un Ingénieur semencier qui, au cours d'une carrière passée dans la recherche et le développement de programmes (INRA, FAO) dans de nombreux pays tropicaux, s'est interrogé sur ce qui empêche les jardins familiaux de se généraliser tant en milieu rural qu'en milieu urbain. Il a ainsi identifié un certain nombre de points de blocages auxquels il essaie maintenant de répondre. Il a alors quitté le secteur public pour créer ce qu'il appelle une "société anonyme à vocation humanitaire" pour produire, conditionner, commercialiser de la semence de variétés de légumes adaptées aux régions tropicales. Son choix porte sur les variétés fixées et traditionnelles : pas d'hybridation ni d'OGM ! Et le conditionnnement est particulièrement adapté à l'utilisation individuelle ou familiale pour une autoconsommation. C'est une entreprise commerciale qui s'approvisionne auprès de groupements de producteurs de semences, par exemple à Sokodé (Togo). La distribution des semences - contrôlées, certifiées et conditionnées - se fait au travers d'un réseau de petits commerçants locaux dans presque tous les pays d'’Afrique.

En juin 2001 JM Cordier a rencontré le Conseil d'Administration du Fonds Mondial et lui a expliqué sa démarche. Pour en savoir plus :

 JTS - les semences du Jardin Tropical
Z.A. des Fousseaux
Avenue des Carreaux
49480 St Sylvain d'Anjou France
courriel : jme.cordier@wanadoo.fr

 

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