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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(43,1)

FIN DE L'APARTHEID ?

Le 10 Décembre 1993, Nelson Mendela et Frederik De Klerk, deux hommes que tout à l'origine séparait, ont reçu ensemble l'une des distinctions les plus remarquées de notre 20ème siècle : le Prix Nobel de la Paix. En quelques années, le rêve Blanc quasi-religieux, concrétisé dans la constitution Sud-Africaine, mais confronté à la révolte des Noirs, et sous la pression internationale, est tombé en morceaux.

La remise du Prix à OSLO aurait-il consacré l'irréversibilité historique d'un progrès vers plus d'égalité ? Rien n'est moins sûr !

* D'abord parce que de nouvelles lois ne peuvent pas d'une seule signature effacer des dizaines d'années de répression. Les extrémismes demeurent une menace réelle pour un nouvel équilibre qui n'est pas encore découvert.

* Ensuite parce l'unité d'une société ne se fonde pas seulement sur l'égalité de ses membres devant la loi, mais encore et surtout sur la solidarité entre ses membres.

* Enfin, parce que l'apartheid, c'est-à-dire le "développement séparé", est la règle qui prévaut dans l'environnement mondial : sur nos 5 continents, qu'en est-il de l'égalité des droits à la nourriture, aux soins médicaux et au logement ? De l'égalité des chances dans l'éducation ? De l'égalité d'accès à un revenu, à un emploi ? De l'égalité relative à tous les autres droits civils, sociaux et politiques de l'individu ?

Tout cela n'en est encore qu'au stade de taches d'encre sur le papier. Ce que même les plus anciennes démocraties ne parviennent pas à garantir à leurs citoyens, comment donc une démocratie aussi fragile que l'Afrique du Sud le pourrait-elle ?

Pourtant l'humanité a globalement les moyens techniques d'y parvenir mais elle demeure incapable d'en exprimer politiquement sa volonté.

Lorsque l'égalité n'existe pas, l'échange solidaire est-il possible ? La pratique du FONDS MONDIAL DE SOLIDARITE CONTRE LA FAIM tendrait à démontrer que oui ; mais il s'agit pour nous d'une démarche volontaire et humaniste qui ne procède que d'une conviction : sous peine de disparaître, le monde doit tisser des liens pardelà toutes les différences, en refusant toute indifférence devant la misère, et toute intolérance devant les différences.

La solidarité devrait normalement nous conduire à l'égalité, à la disparition de tout apartheid. La route est si longue et si pleine d'imprévus que ni notre bonne volonté ni même la remise d'un Prix n'en constituent une garantie suffisante : l'apartheid disparaîtra du discours officiel sud-africain, mais risque fort d'apparaître en gros caractère d'une constitution mondiale non-écrite.

Daniel Durand

 


page réalisée par Daniel Durand