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ACAT Amnesty International Paris, le 11 juin 2013 : En quatre jours, entre le 23 et le 26 mai, au moins douze personnes selon un bilan du gouvernement guinéen - ont été tuées à Conakry et 89 autres blessées. Plusieurs dentre elles sont mortes sous les tirs des forces de lordre. LACAT et Amnesty International demandent louverture rapide dune enquête indépendante et impartiale sur les allégations de violence et de recours à une force excessive par les forces de lordre. Le lundi 27 mai, le ministre de la sécurité, Maramany Cissé, a été limogé de son poste. Le 28 mai, le président Alpha Condé a annoncé à la radiotélévision nationale : « La Guinée est un État de droit où nul nest au dessus de la loi. Jai demandé au ministre de la Justice de prendre immédiatement les dispositions nécessaires pour la mise en place dun pool de juges exclusivement chargés de faire la lumière sur les récents événements et rendre justice à toutes les victimes ». Il convient de rappeler que le président Alpha Condé avait déjà promis de faire toute la lumière à propos des violences survenues à Conakry entre le 27 février et le 2 mars 2013 à la suite dune manifestation de lopposition qui avait donné lieu à de nombreux affrontements entre manifestants et forces de lordre puis entre les communautés peule et malinké. Au moins neuf personnes, dont un gendarme, avaient été tuées et plus de 200 autres personnes avaient été blessées. Or, aucune enquête sérieuse na été menée sur ces événements et aucun des auteurs de tirs à balles réelles ayant occasionné mort dhommes na été sanctionné ni jugé. Depuis fin février 2013, lopposition manifeste régulièrement dans les rues de la capitale Conakry pour dénoncer le manque de consensus à propos de la tenue des élections législatives, prévues le 30 juin. Ces manifestations ont occasionné de nombreuses échauffourées entre les sympathisants de lopposition et ceux du parti au pouvoir, ainsi que des affrontements violents entre les manifestants et les forces de lordre, causant la mort de plus de 50 personnes dont un élément des forces de lordre et faisant plus de 350 blessés jusquà ce jour. Au cours de tous ces événements, des pillages et des saccages ont été constatés dans les quartiers dits peuls. Les forces de lordre présentes sur les lieux nont pas empêché ces déprédations et semblent au contraire y avoir participé. Bien que des manifestants aient fait usage de la violence en jetant notamment des pierres sur les forces de sécurité, le recours à la force par ces dernières doit respecter à tout moment les normes relatives aux droits humains afin de protéger le droit à la vie. Les armes à feu en particulier ne constituent qu'un dernier recours, et à condition quelles soient strictement nécessaires à l'autodéfense ou à la défense de tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave. Or, lusage disproportionné de la force létale par les forces de lordre, et leur manque de partialité dans leur mission de maintien de lordre ont été constatés à plusieurs reprises en Guinée. Dautre part, la constitution de milices politico-communautaristes dites dautodéfense, responsables de violences communautaires ciblées est également fort préoccupante. Pour mettre fin à la spirale de la violence qui accroît jour après jour les divisions communautaires, les discours doivent être suivis denquêtes judicaires afin que vérité et justice soient faites sur les graves violations des droits de lhomme commises ces derniers mois à Conakry. Il est également nécessaire de résoudre la crise politique actuelle et de trouver un arrangement entre les différentes forces vives du pays en vue de la tenue dune élection législative libre, transparente et démocratique, acceptable et acceptée par tous. Sans cela, lambiance préélectorale délétère à Conakry risque de se transformer en véritable situation explosive qui pourrait toucher lensemble du pays. Recommandations de lACAT et Amnesty International :
Contact presse : Pierre Motin, ACAT - 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr |
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Entre chaos et espoir. La perspective des prochaines élections du 30 juin réjouit tous ceux qui sont attachés au progrès de la démocratie, mais la violence entretenue par les forces de l'Etat soulève non seulement des problèmes de formation et d'éthique, mais également des problèmes de droit à plusieurs niveaux. Les textes fondateurs de la république de Guinée doivent prévoir un usage raisonné de la force. Les textes internationaux ont également besoin d'une autorité supérieure pour leur application. Le cas de la Guinée est ici mis en exergue. Ce cas renvoie le lecteur à des actualités semblables en de nombreux autres pays. Daniel |
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