Dragan Bunic a perdu son
            dernier combat 
            
            Décédé en
            octobre, lhomme rêvait dun Etat
            mondial.
            
            La Grande Béroche a perdu lun de ses
            pères fondateurs. Lundi 30 octobre, après
            sêtre battu pendant près de dix ans
            contre trois cancers successifs, Dragan Bunic a rendu les
            armes. Il aurait fêté ses 72 ans en janvier.
            Ancien conseiller communal socialiste de SaintAubin,
            Dragan Bunic a été parmi les premiers
            à imaginer une Béroche fusionnée. Du
            11 décembre 2001, date de lacceptation
            dune motion demandant létude dun
            rapprochement de sa commune avec Gorgier, jusquau
            1er janvier 2018, jour de lunion officielle de
            Bevaix, Saint-Aubin-Sauges, Montalchez, Gorgier, Fresens
            et Vaumarcus, il na eu de cesse de sactiver
            en coulisse.
            
            Citoyen du monde,«Dragan cherchait toujours
            lintérêt commun», témoigne
            son ami de longue date, Jean Fehlbaum, avec qui il
            coécrit «Fusions bérochales»,
            retraçant tout le processus. De son
            côté, André Alisson, camarade de
            parti, parle «dun homme chaleureux». Les
            rêves dunion de Dragan Bunic ne
            sarrêtaient pas à ces six
            localités. Pour lui, le salut de
            lhumanité passe par la création
            dun seul Etat mondial,organisé selon les
            principes du fédéralisme. Une idée
            quil a développée dans un livre,
            «Fédération
            mondiale  un Etat pour tous les citoyens du
            monde», sorti en 2018 (éditions
            Sydney Laurent). Cet idéalisme, il le forge au
            gré de son parcours chamboulé. Né
            dans la ville de Kotor Varos  désormais
            rattachée à la Bosnie-Herzégovine
            , fils de paysans, Dragan Bunic est successivement
            électricien, comptable, greffier, puis juge
            dinstruction. A la veille de la guerre, dans les
            années 1990, il est le numéro trois du
            ministère de lIntérieur. Des hommes
            de Slobodan Milosevic, ancien président de la
            République de Serbie, lui demanderont de faire un
            faux témoignage afin de «liquider
            politiquement certains fonctionnaires», nous
            racontait-il en 2019, avec son accent
            caractéristique. Il refuse et choisit la fuite.
            «Sa ténacité et son esprit de justice
            mont marqué», martèle
            André Alisson. Redevenu électricien en
            Valais, il déménage à la
            Béroche après avoir rencontré
            lune de ses habitantes, Monique. Licence de droit
            en poche, il décroche un poste comme juge
            assesseur, au tribunal de Boudry, et comme juriste au
            Service cantonal des migrations. «Dragan a fait
            preuve dun courage immense face à sa
            maladie», reprend André Alisson. «Il
            na eu de cesse dy croire et de se
            battre.»