le kiosque

plan de cette partie du site - -

Registre des Citoyens du Monde - Assemblée - Délégués élus

Institut - Auteurs - Livres - Documents - Organisations
Assises mondialistes de Tours
"Le Monde en devenir"
du 24 au 28 avril 1990

par René Marlin

Elles eurent lieu à la mairie de Tours du 24 au 28 avril 1990. Au rythme de cinq le matin et de cinq l’après-midi, une quarantaine de conférenciers se sont succédé à la tribune. A partir de 18 heures environ, un débat public clôturait la journée. Le mardi 24 avril fut consacré à une conférence de presse boudée par les journalistes, même locaux, puisque seul Pierre Imbert de la "Nouvelle République du Centre-Ouest" assista à la réunion. Aucun autre journal que celui-ci et le "Courrier Français de Touraine" n’a assuré, à notre connaissance une couverture convenable des réunions. Claude Tellier, responsable du centre tourangeau des Citoyens du Monde, remarquable organisateur, remercia la municipalité menée par Jean Royer de lui avoir donné l’hospitalité de la Grande Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville. II prononça une brillante allocution d’ouverture, mettant chacun des habitants de cette planète devant ses responsabilités face aux menaces de tous ordres qui l’assaillent.

Parmi les interventions du premier jour, citons celle du docteur Jacques Mongnet de l’Association des Médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire, qui dénonça la mainmise des militaires français sur l’économie de la Polynésie. Yves Angelloz annonça que les prochains "Jeux mondiaux de la Paix" qui doivent "vider les tribunes et emplir les stades" auront lieu au Maroc, du 17 au 22 juillet 1990. Pierre Cochery du MURS (nb) a traité de la responsabilité des scientifiques, particulièrement en ce qui concerne l’arme nucléaire. II s’est montré optimiste sur l’avenir des relations entre les grandes puissances. Cette journée a été marquée aussi par l’absence d’Edgar Morin qui devait traiter de la "paix par la conscience planétaire" et surtout la défection de Bernard Benson pour de regrettables raisons financières. Roland Nivet du Mouvement de la Paix a dénoncé le maintien des dépenses d’armement françaises. J.M. Lavieille de l’Université de Limoges s’est attaqué au complexe scientificomilitaro-industriel et a rappelé les sondages d’opinion favorables, en France, à une réduction des crédits militaires. Bernard Maire a évoqué la mémoire de son frère Gabriel, prêtre et fondateur du Mouvement Populaire des Citoyens du Monde, assassiné le 23 décembre 1989 à Vitoria (Brésil) où il travaillait, dans sa paroisse, en faveur des déshérités. II a demandé justice.

Le jeudi 26 était consacré au développement mondial. Jean-Marie Fardeau, d’Agir ici, a parlé du sommet des sept pays les plus pauvres et annoncé la fondation d’un observatoire international permanent du développement et de la démocratie. Franco Bettoli a rappelé l’existence d’EmmaüsInternational qui a participé au financement des Assises.

Dorin Hehn, esperantiste roumain, s’est félicité de l’accession de son pays à la démocratie et a fait part de sa crainte d’une renaissance des nationalismes. Daniel Durand du Fonds Mondial de Solidarité contre la Faim, création des Citoyens du Monde et du Congrès des Peuples a précisé qu’il s’agissait d’une institution transnationale et mutualiste d’aide ponctuelle aux affamés du Tiers-Monde. Maribel Wolf de Terre des Hommes a parlé de la démocratie en relation avec le sous développement. Elle a très bien stigmatisé les informations partielles ou fausses propagées dans les grands médias par des journalistes carriéristes, donnant l’exemple du Panama où les bombardements par les troupes des Etats-Unis avaient fait, proportionnellement à la population, beaucoup plus de morts qu’en Roumanie, dans l’indifférence presque générale des grands organes internationaux. Jeanne Bisilliat a examiné la subordination des femmes en rapport avec le sousdéveloppement.

Alexandre Marc a soutenu sa thèse fédéraliste intégrale troisième voie nécessaire, d’après lui, entre le capitalisme et le communisme. II a rappelé que Jacques Duboin avait, le premier, dénoncé le régime économique qui entraine la misère dans l’abondance, mais a cru nécessaire de répéter ses préjugés contre le distributisme (nb). Thèses contre lesquelles nous nous sommes évidemment élevés. Enfin Charles Loriant, président du Mouvement vers une Autogestion Distributive a excellemment exposé aux mondialistes pourquoi l’économie distributive était une alternative crédible et incontournable. Au cours du débat et lors d’une réunion des associations, le 29 avril, Charles Loriant a fait état de son projet de banque de données interassociative et interdisciplinaire avec un certain succès auprès des responsables présents qui ont adopté une motion finale de soutien.

Les interventions du 27 avril étaient placées sous le titre général :"Sauvegarder la biosphère". Alfreda Maruska, médecin lituanien, membre des "verts", s’exprimant en esperanto a dit son opposition à l’industrie nucléaire soviétique et aux bases aériennes. Pour "Nature et progrès", Marc Trouilloud a dit son opposition à l’agriculture chimique et Isabelle Totikaev d’Ecopora-France a déploré la déforestation de l’Amazonie. La communauté Baha’ie était représentée par Wytze Bos du Canada qui s’est rallié au fédéralisme au nom de l’existence de Dieu.

Un espérantiste de RFA, le docteur Günther, a rappelé toutes les menaces qui pèsent sur notre terre et a lancé un appel pour un meilleur contrôle global de l’environnement. La présidente en exercice du Congrès des Peuples, Muriel Saragoussi, chercheur à Manaus, a proposé un pacte amazonien de sauvegarde.

Enfin Michel Beaud du groupe pour l’appel de Vézelay a défini les réflexions du groupe sur les risques technologiques majeurs, il a précisé les solutions à éviter et les voies qui paraissent prometteuses. Michel Beaud tient aussi dans "Le Monde" une rubrique intitulée "A travers les revues". Malgré un échange de correspondances, il n’a pas cru devoir faire la moindre allusion à notre publication. Nous lui en avons demandé la raison et plus généralement pourquoi les professionnels de l’information font le silence sur le distributisme et le mondialisme. II nous a répondu qu’il n’était pas journaliste mais universitaire, qu’il écrirait sur l’économie distributive si, un jour, le thème général de sa chronique s’y prête. II a ajouté qu’à son avis, les journalistes attendent tous qu’un de leurs collègues aborde les thèmes qui nous intéressent pour en parler eux-mêmes !.. Cette réponse n’a pas modifié la piètre opinion que nous avions déjà sur le sens de la responsabilité des maîtres des médias dont le métier, capital en régime démocratique, devrait être, en principe, d’informer l’opinion aussi complètement que possible.

Le 28 avril, dernier jour des réunions publiques, nous avons entendu Marie Serpereau du Groupe Français d’éducation nouvelle parler de "Citoyenneté et savoir" et Alain Raphestan, maire de Fussy (Cher), témoigner de son expérience de premier magistrat de l’une des 950 communes mondialisées. Badi Lenz a soutenu sa thèse d’une seconde chambre populaire auprès de l’A.G. des Nations Unies. Alain Faure, président d’Amnesty France, a expliqué la position de son association face à la raison d’Etat.

L’après-midi, Guy Héraud, ancien candidat à la présidence de la République, a donné un aperçu théorique du fédéralisme, depuis le maître Proudhon jusqu’à Denis de Rougement et des fédérations locales jusqu’à la fédération mondiale. Les voies et moyens du mondialisme furent dénombrés par Georges Bernard, directeur honoraire de recherches au CNRS et membre du Mouvement Universel pour une Fédération Mondiale. Et la séance fut clôturée par Roger Wellhoff, directeur du Registre International qui a rappelé les raisons pour lesquelles l’enregistrement des Citoyens du Monde reste nécessaire face aux dangers qui menacent actuellement la vie sur Terre.

Mais celui qui retint évidemment l’attention des 450 personnes présentes fut évidemment l’Abbé Pierre Grouès, fondateur des Compagnons d’Emmaüs. II suscita l’émotion parmi les plus anciens mondialistes, en rappelant la part prépondérante qu’il prit au premier congrès de ce qui était alors le Mouvement Universel pour une Confédération Mondiale à Montreux, en 1947. II évoqua ses rencontres avec Lord Boyd Orr, premier président de la FAO et avec Stringfellow Barr, auteur de "Let’s join the human race" (Chicago 1950) ainsi qu’avec Albert Einstein. II termina en stigmatisant les positions racistes, face aux réalités de la démographie mondiale, et en lançant un appel à la jeunesse pour qu’elle l’aide à lutter contre la faim et la souffrance.

notes

  1. Mouvement Universel pour la Responsabilité Scientifique. Président Jean Dausset Prix Nobel de médecine.
  2. Voir notamment "L’économie à l’Institut d’Études Mondialistes" GR n° 871 et Courrier des lecteurs, GR n° 874.
  3. Organisation de l’Aviation Civile Internationale.
  4. "Le Monde" du 15 mai 1990

Texte publié dans "La Grande Relève" numéros 891 et 892

Au sujet du site