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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(28,2) Automne 1989

MONDA SOLIDARECO n° 25 et 26 ont déjà publié un article sur les dangers des pesticides :
" Chaque minute, une personne des Régions Économiquement Dominées
est victime d'un empoisonnement par les pesticides. "
Nous pensons utile de prolonger cette information en reproduisant
ci-dessous un article paru dans FORUM DU DEVELOPPEMENT n° 143 de Septembre-Octobre 1989 :

A L'ASSAUT DES INSECTICIDES !

 

SOIXANTE PAYS au moins ont interdit ou sévèrement limité l'utilisation de douze insecticides signalés par un groupe international comme étant particulièrement nuisibles pour l'homme et pour l'environnement. C'est le PESTICIDE ACTION NETWORK (P.A.N.) INTERNATIONAL qui en a publié la liste dans une nouvelle étude, " Demise of the Dirty ", qui détaille les actions réglementaires à prendre contre ces douze produits.

" La réglementation contre ces insecticides est un signe encourageant, mais le fait qu'elle soit mal appliquée continue à poser des problèmes ", a déclaré Issa Beye, du Centre International de Liaison pour l'Environnement de NAIROBI au KENYA. " Trop souvent, on peut facilement se procurer sur les marchés les insecticides interdits. "

P.A.N., une coalition internationale qui regroupe 300 organisations opposées a l'utilisation abusive des insecticides, exige la mise en place d'une législation plus sévère sur leur vente, une surveillance plus efficace de leur emploi, l'application des règlements existants et l'utilisation des méthodes plus sûres et sans produits chimiques.

L'étude du P.A.N. a été rendue publique le 5 Juin dernier, au cours de la Journée Mondiale de l'Environnement qui marquait le quatrième anniversaire de la campagne contre ces douze produits.

Parmi les insecticides dont l'usage est le plus fréquemment interdit ou limité, on trouve les produits suivants : DDT (dans 50 pays), dieldrine (48 pays), endrine (41 pays), aldrine (40 pays) et chlordane (40 pays).

Les douze insecticides visés par P.A.N. International parce qu'ils présentent des risques pour la santé, sont particulièrement dangereux dans le Tiers-Monde : la moitié des empoisonnements et 90 % des décès provoqués par les insecticides surviennent dans les pays en développement, bien que ceux-ci n'utilisent qu'un cinquième de la production mondiale.

Publicité mensongère, modes d'emploi imprécis, analphabétisme, absence de réglementation ou d'application des lois et soins médicaux mal adaptés expliquent que le Tiers-Monde paye un prix aussi élevé pour l'utilisation des insecticides.

Paradoxalement, la plus grande partie des dégâts causés par ces produits pourrait être évitée, d'autant que leur emploi se révèle souvent inefficace. Depuis la fin des années 40, les insectes ont détruit presque deux fois plus de récoltes (13 % contre 7 % auparavant) alors que l'emploi des insecticides a été multiplié par 11.

L'intensification de la lutte contre les insectes nuisibles est au premier rang des préoccupations de bon nombre d'organisations du P.A.N., notamment en Colombie, en Inde, aux États-Unis, au Sénégal, en Indonésie et aux Philippines.

Lutter contre les insectes sans utiliser de produits chimiques s'est avéré efficace, que ce soit pour des entreprises de production à petite ou à grande échelle. Ainsi, en 1973, la United Fruit Company (aujourd'hui CHIQUITA BRANDS) a mis fin aux pulvérisations d'insecticides sur une plantation de bananes au Costa Rica, après avoir constaté une aggravation du problème au fil des années malgré l'utilisation massive de dieldrine et d'autres insecticides.

En quelques mois, le nombre d'insectes nuisibles a nettement diminué. Aujourd'hui CHIQUITA BRANDS ne compte plus que sur les ennemis naturels des insectes ou sur des techniques simples et a adapté ses nouvelles méthodes à d'autres pays. Les insecticides ne sont plus utilisés dans les plantations du Panama, du Honduras ou de la cote Est du Costa Rica.

" Les succès du P.A.N. sont très encourageants, mais des contrôles nationaux plus sévères et la coopération de l'industrie chimique ne sont pas suffisants ", a déclaré Magda Renner, une des responsables d'Amigos de Terra (Amis de la Terre, une organisation brésilienne). Tant que l'on utilisera ces douze produits, ajoute-t-elle, ils continueront d'empoisonner les gens et l'environnement. Notre but est d'éliminer une fois pour toutes ces insecticides mortels. "

Pour tous renseignements, s "adresser à SARAJINI RENGAM, International Organisation of Consumers Unions, P.O. Box 1045, 10830 PENANG, Malaisie.

FORUM DU DEVELOPPEMENT, journal du Département de l'Information des Nations Unies.

DEVELOPMENT FORUM, P.O. Box 5850, Grand Central Station, NEW YORK, N.Y. 10 163 - 5850, USA

 

 


page réalisée par Daniel Durand