Dans son romain de politique fiction, " 1984 ",
George ORWELL décrit un régime totalitaire
d'Océania qui ne peut exister et durer que parce
que les hommes qui y participent obéissent
à un seul principe : celui du POUVOIR, du pouvoir
pour le pouvoir, sans autre fin : confort, bonheur,
liberté, rationalité ou idéologie.
Dans le " Courrier de l'UNESCO " de janvier 84 ,
l'essayiste Jacques CHARTIER consacre un article à
Orwell. Il évoque cet auteur
révolutionnaire en constatant qu'il s'agit en "
Océania " d'un " totalitarisme oligarchique " qui
repose sur une sorte de " schizophrénie
institutionnalisée ", l'Etat unique supposant que
le monde extérieur et objectif n'existe pas.
Les 163 Etats de la planète, et même
parmi eux la trentaine dits " démocratiques " sont
dirigés par des " oligarchies ", voire par des
classes politiques qui acceptent, ou non, l'alternance,
mais qui, toujours, obéissent au seul principe du
pouvoir en utilisant, pour y accéder, mais surtout
pour s'y maintenir, entres autres règles, celle de
la souveraineté nationale absolue.
L'échec des 10 à Athènes illustre
parfaitement ce phénomène : 10 Etats,
pourtant démocratiques, ont tous été
incapables de se libérer de cette contrainte pour
résoudre un problème dont la solution
paraît évidente : trop de richesses, trop de
lait, trop de beurre, trop de poulets, trop d'autos, trop
de bateaux, alors qu'à leur porte des millions
d'êtres meurent de faim.
Mais pour conserver le pouvoir, on
préfère prendre le risque, et cette fois au
niveau mondial, d'une attitude égoïste
nationale identique à celle qui a conduit l'Europe
à deux guerres civiles avec tout son
cortège de haine, de souffrances et de morts.
Certes, la classe politique européenne n'a pas
atteint l'âge de raison, mais il ne faut pas croire
que la classe politique du tiers-monde soit
différente, malgré l'exemple que lui a
donné l'Europe dévastée par deux
guerres. Le moyen Orient n'en est-il pas actuellement une
des preuves les plus frappantes ?
Pour la classe politique au pouvoir, les
résultats récents obtenus par le
super-nationalisme actif qui s'est manifesté par
des interventions aux Malouines, à Grenade ou
à Baalbek, démontrent que le nationalisme
assimilé au patriotisme constitue un moyen
efficace de faire progresser les cotes de
popularité dans les sondages.
Le monde totalitaire redouté par Orwell pour
1984 arrivera irrémédiablement si la classe
politique ne s'intéresse pas à " ce monde
extérieur et objectif " que les mondialistes
tentent de faire entrer dans les meurs politiques.