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52 - Avril 1984

MAYOTTE : un problème de souveraineté
La situation actuelle de Mayotte pose au gouvernement français un cas de conscience. Rappelons les faits : Mayotte est une île faisant partie de l'archipel des Comores dans l'Océan Indien. Lorsque les Comores, colonie française, se déclarèrent indépendantes, les habitants de Mayotte, les Mahorais, refusèrent ce nouveau statut par crainte, sans doute, de l'hégémonie des autres îles de l'archipel et obtinrent, par leur vote en 1976 leur maintien au sein de la République Française. par contre la République des Comores réclame la possession de Mayotte. Elle est appuyée dans sa revendication par l'organisation de l'Unité Africaine (O.U.A.), les pays non-alignés et par l'Assemblée Générale des Nations Unies, ce qui gêne considérablement le gouvernement français dans sa politique extérieure, simplement pour le statut d'une île de 47.000 habitants, mais, même dans un tel cas, les principes de moralité politique sont en cause.

On conçoit que les dirigeants français cherchent un moyen honorable de voir intégrer Mayotte dans la République des Comores. Mais cela ne va pas tout seul. En 1976, les votes étaient de 99,4 % pour le maintien dans l'ensemble français.

On doit consulter à nouveau la population en 1984 sur son appartenance et la question serait réglée pour le gouvernement français si les Mahorais voulaient bien changer d'avis et voter massivement pour le rattachement à l'état comorien. Or, tout laisse prévoir qu'il n'en est pas question. Les trois élus les plus importants de Mayotte y sont formellement opposés et dénoncent avec vigueur les projets selon eux inadmissibles de rattachement de Mayotte aux Comores.

La situation de Mayotte ainsi exposée est un exemple des difficultés qui se présentent dans l'application des principes reconnus entre les Etats tout en permettant de respecter la volonté des peuples. IL faut constater que les concepts suivant lesquels les peuples pouvaient disposer ou non d'eux-mêmes, tout en respectant la morale, ont varié dans le temps. Si nous en étions au Moyen-Age, il paraîtrait naturel que le Roi de France vende Mayotte aux Comores contre l'installation d'une base militaire (il en est question actuellement) sans s'occuper de l'opinion de ses habitants, car Mayotte avec ceux-ci serait sa propriété. Si nous en étions à l'époque de Napoléon III, il paraîtrait naturel que, comme pour l'Italie ou l'Allemagne, on aide les Comores à se constituer en Etat, Mayotte comprise. Puisque nous en sommes à une période post-décolonisation et d'autodétermination, il paraît logique que les Comores soient indépendantes, mais logique aussi que la volonté des Mahorais soit respectée.

Les principes qui ont guidé les Etats et les peuples dans leurs rapports entre eux - si nous laissons de côté conquêtes et dictatures encore largement répandues - ont donc varié avec le temps. La mode est actuellement à la souveraineté absolue des Etats, aussi irréelle que soit vraiment cette souveraineté dite absolue. On pourrait envisager de rendre Mayotte indépendante. On a bien donné leur indépendance à des îles de Polynésie ou des Caraïbes qui avaient moins de 100.000 habitants. Où s'arrêtera-t-on dans cette absurde balkanisation du monde ?

En réalité, les Etats de la Terre, des plus petits aux plus grands, sont tous interdépendants, en particulier pour l'économie. Il serait logique qu'ils se regroupent en larges communautés, suivant les principes du fédéralisme : rapprochements régionaux, politiques, respect des minorités, etc... Alors Mayotte pourrait être intégrée à l'Etat Comorien devenue une fédération respectant les différences de chacune des îles.

Pour cela, il faut que les Etats acceptent de transmettre une partie de leurs compétences à des organismes, des fédérations à créer. Si l'on veut qu'un peu d'ordre règne entre les Etats, que les peuples acceptent cet ordre, il faut qu'à la mode de la souveraineté absolue se substitue celle de l'interdépendance et du regroupement en fédérations.

AMIP - Agence Mondialiste d'Information et de Presse

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