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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(21,2) Janvier 1989

Se nourrir : un droit de l'homme

Lutter contre la faim un devoir de l'humanité

Décembre 1948 : La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, préparée par 18 personnes de diverses nationalités et dont les principaux rédacteurs sont René CASSlN, Eleanor ROOSEVELT et Pierre-Henri TEITGEN, est promulguée. Elle ne constitue pas alors un texte d'application immédiate, mais une indication de direction à suivre dans le long cheminement de l'humanité vers la justice.

Décembre 1988 : La référence à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme est devenue un instrument majeur de la lutte de libération des opprimés. Dans bien des pays, bien des consciences, son quarantenaire est célébré.

Et cependant !...

Relisons le premier alinéa de l'article 25 : " Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour lui assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les service sociaux nécessaires. "

Jetons un coup d'oeil rapide vers la surface de notre planète : on est bien loin du compte ! Les riches de moins en moins nombreux s'enrichissent encore tandis que les pauvres en nombre croissant s'appauvrissent toujours plus. Et voici que la faim devient une calamité majeure en un temps ou jamais la production n'a été aussi élevée ! Paradoxe : après un siècle de progrès médicaux impressionnants, la malnutrition entretient directement ou indirectement des maladies dont tous pourraient être protégés.

Or nous faisons tous partie de la même humanité dont les vies sont inextricablement liées les unes aux autres.

Que ce soit pour des raisons morales (les principes de la justice sont applicables à l'alimentation des affamés) ou fonctionnelles (l'Humanité ne peut fonctionner que si ses membres sont eux-mêmes " en .état de fonctionner " - épanouis -), chaque être humain A LE DROIT de se nourrir convenablement, tout comme il a ceux de respirer et de dormir : ce sont là les droits naturels fondamentaux sans lesquels les autres droits n'ont pas de sens.

De SE NOURRIR, et non d'être nourri. Car les Droits de l'Homme visent à assurer le maximum d'autodétermination et d'autonomie à chaque personne humaine. Or la dépendance alimentaire est bien l'une des pires et peut devenir la source de l'un des chantages les plus odieux (" l'arme alimentaire "). Il s'agit donc que les sociétés humaines prennent en charge leur autosubsistance.

Allons plus loin : parce que nous sommes tous les cellules élémentaires de ce vaste édifice vivant en perpétuelle construction qu'est l'Humanité, cette dernière ne survivra et ne s'épanouira que si elle. prend soin de chacun de nous. C'est donc un devoir collectif pour elle de favoriser l'autosubsistance de ses membres.

Relisons alors l'article 28 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme :

" toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet "

C'est le sens de la " charte " qu'à l'occasion de ce quarantenaire le FONDS MONDIAL présente en faveur de la création d'une Institution Mondiale de Solidarité.

A. Cavelier

 


page réalisée par Daniel Durand