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Somme Mondialiste

brochure n° 16

Langue Commune Mondiale
Nous présentons dans cette brochure une étude, réalisée par Basile Ginger, sur ce problème complexe et explosif. Les aspects linguistiques ne sont pas seuls en cause, les difficultés sont au moins autant de nature politique ou psychologique.

C'est pourquoi il ne nous appartient pas de trancher en faveur de telle ou telle solution, mais bien plutôt de faire réfléchir chacun, de mettre en évidence les options, de classifier un peu. Une langue est une institution, et le choix d'une langue mondial officielle est donc du ressort d'une Autorité Mondiale, dont le Congrès des Peuples sera la première étape. Néanmoins, la création du Centre espérantiste des Citoyens du Monde, animé par Renée et Roger Volpelière, montre tout l'intérêt que portent dès maintenant les Citoyens du Monde à une langue commune mondiale, dont l'Espéranto constitue un exemple fructueux.

LANGUES ET CULTURES

Une langue est un outil de communication complet, c'est-à-dire oral et écrit, valable dans toutes les circonstances, capable de rendre les moindres nuances de la pensée. Par vocation, une langue est donc universaliste. Il est naturel de consacrer plusieurs années à apprendre à se servir au mieux d'un outil d'une telle importance. Il est normal que langue et culture soient indissolublement liées, et que, de nos jours, tout ce qui a trait à la langue maternelle soit éminemment explosif, comme on l'observe depuis plusieurs années, en particulier en Inde, au Canada, en Belgique.

Il est donc utopique et dangereux de rêver à la disparition de toutes les langues, et à l'instauration à leur place d'une langue mondiale unique. Un tel appauvrissement culturel n'est ni souhaitable, ni nécessaire car il n'est pas sûr que la culture mondiale actuellement en création aura les mêmes richesses et les mêmes nuances que l'ensemble des cultures traditionnelles. Il faut résister à la nostalgie de la langue unique d'avant Babel, qui, d'ailleurs, selon les linguistes, ne correspond à aucune réalité historique à l'échelle mondiale. C'est pourquoi nous parlerons désormais de langue commune mondiale (LCM), et non de langue mondiale.

FAUSSES ET VRAIES JUSTIFICATIONS D'UNE LANGUE COMMUNE MONDIALE

Si tout le monde parlait la même langue, entend-on dire parfois, il y aurait moins de querelles et de guerres. Malheureusement, l'histoire enseigne plutôt le contraire : c'est entre les communautés en apparence les plus proches que les guerres sont les plus sanglantes. Il suffit de penser aux guerres civiles et aux guerres de religion (sans parler de drames familiaux). Une langue commune n'éliminerait pas les incompréhensions les plus graves.

Il reste que les querelles linguistiques disparaîtraient. Mais, comme nous l'avons vu, celles-ci ne sont que le reflet de la " lutte pour la vie " des cultures associées.

Il est au moins une raison qui, aux yeux des mondialistes, justifie à elle seule la nécessité d'une L.C.M. de grande diffusion : à la différence des traités qui sont signés par des représentants des gouvernements c'est-à-dire des spécialistes, les institutions mondiales à créer seront des lois qui, comme toutes les lois fédérales, s'appliqueront aux individus, par-dessus leurs gouvernements. Dans les Etats fédéraux multilingues (Suisse, Belgique, Canada..) la Constitution comporte toujours un chapitre important consacré au problème des langues officielles, et tous les cas sont minutieusement prévus.

Mais s'il est possible, en Suisse, de décret langues officielles les trois ou quatre langues parlées par les Suisses, cela devient impossible à l'échelon mondial : dans le cas de lois mondiales, il faut qu'il y ait une version qui fasse foi et qui soit comprise par tous (nul n'est censé ignorer la loi). Et la L.C.M. à utiliser peut difficilement être une des langues nationales existantes, sans avantager nettement le ou les pays dont la langue serait choisie (pour une raison analogue, la ville choisie comme capitale fédérale d'un pays est en général une petite ville sans importance au départ). Les partisans de l'Espéranto trouvent ici un argument de poids (nous prenons l'Espéranto comme symbole d'une L.C.M. construite, puisque même les partisans d'autres langues construites ne peuvent nier que pour l'homme de la rue " Espéranto " est devenu synonyme de langue mondiale).

Nous mentionnerons brièvement, tellement il sont évidents et souvent mis en avant, les avantages qu'offrirait une L.C.M. dans les domaines touristiques et commerciaux. Il n'est pas besoin d'avoir voyagé beaucoup pour s'apercevoir que, là comme ailleurs, la pratique a précédé la théorie : pour ceux qui en vivent ou en tirent bénéfice, le tourisme est une motivation suffisante pour l'acquisition des rudiments d'une ou plusieurs langues de grande diffusion. Statistiquement, l'anglais a montré à ce jour le plus d'efficacité pour ce rôle, même si, pour des raisons locales ou historiques, il lui est parfois préféré le français, l'allemand ou le russe…

Remarquons que la plus ou moins grande difficulté de ces langues, l'une par rapport à l'autre ou l'ensemble par rapport à l'Espéranto, ne joue aucun rôle dans le choix fait par les hôteliers ou les commerçants. Seule compte l'efficacité, c'est-à-dire la probabilité d'obtenir un " contact " avec le " client ". De tels contacts s'accommodent fort bien d'un vocabulaire très réduit et de nombreuses fautes de grammaire.

Mais les choses changent pour qui considère comme un des buts du tourisme la possibilité d'établir des relations en profondeur, suivies si possible avec des hommes et des femmes de culture nationale différente de la sienne. Là, l'anglais touristique ne suffit plus et les partisans de l'Espéranto apportent des arguments intéressants.

LES PINRCIPALES SOLUTIONS POSSIBLES - LEURS INCONVENIENTS

a) Une langue naturelle à diffusion mondiale, et plus précisément l'anglais, de loin le mieux placé (voir plus loin).

Aux yeux des mondialistes, il est pratiquement impensable d'adopter officiellement comme L.C.M. une langue liée à un État-nation très puissant.

Le pays ou le groupe de pays dont la langue serait choisie pour un usage mondial serait favorisé sur les plan économique, technique, politique ; en particulier, dans les assemblées internationales ou mondiales, ses orateurs seraient les seuls à parler leur langue maternelle, ce qui serait un atout non négligeable pour convaincre.

Les mondialistes partisans d'une formule fédérale, laissant subsister des cadres nationaux assouplis, doivent admettre que ces objections resteront valables même lorsque des institutions mondiales auront été fermement établies.

Ces raisons pèsent d'un poids encore plus lourd aux yeux des gouvernements ; Ceux-ci ne favorisent donc pas, c'est le moins que l'on puisse dire, l'adoption d'une langue auxiliaire mondiale, à moins que ce ne soit celle de leur pays. Même l'Espéranto, bien que non lié à un État, leur paraît sans doute un concurrent dangereux, que l'on encourage en paroles mais non en subventions. Notons cependant que le gouvernement de Pékin utilise massivement l'Espéranto pour sa propagande destinée à l'Occident, toujours pour une raison politique : éviter l'emploi d'une langue liée à un État que l'on combat idéologiquement.

b) Deux langues naturelles : l'association " Le Monde Bilingue " propose que ce soit l'anglais et le français, langues bénéficiant d'une très longue tradition d'enseignement. Les partisans de cette solution répondent comme suit aux deux principales objections qui leur sont faites :

  • " n'importe quelle langue est facile à comprendre et à parler pour celui qui l'abord dans son enfance ". Cependant peut-on répondre, pour connaître très bien une langue, il faut vivre dans le milieu qui la pratique.
  • " l'idée que le pays dont la langue aura été choisie bénéficiera d'un avantage politique, ou commercial, ou de prestige, est un préjugé tenace ".

Mais en pratique, deux langues ne suffisent pas, comme le montre l'exemple de l'Institut Européen d'Administration (INSEAD), où l'on demande aux élèves de pouvoir suivre des cours en français, anglais ou allemand. D'après certaines études, le pourcentage de ceux qui arrivent à maîtriser une langue nationale étrangère se montre être vraiment bas et sans aucun rapport avec l'énergie dépensée tant indirectement que collectivement.

c) Une langue construite " a priori ", c'est-à-dire sans se référer, ou presque, aux langues existantes. Tel était, par exemple, le cas du Volapük, qui eut un grand succès entre 1885 et 1890 suivi d'un échec complet dû à son côté arbitraire.

d) Une langue construite " régulière ", du type Espéranto (ou Ido). Le terme " schématique " parfois proposé pour ces langues est récusé par les usager de l'Espéranto (voir plus loin). Ces langues recherchent avant tout la simplicité et la régularité, ce qui est d'ailleurs une tendance manifestée par les langues naturelles ou cours de leur lente évolution. Leurs adversaires leur reprochent de s'éloignes des formes linguistiques que l'on trouve dans les principales langues occidentales.

e) Une langue construite " naturaliste ", du type Interlingue ou Interlingua. Leurs adversaires leur reprochent d'avoir sacrifié la régularité à la naturalité, et d'être plus faciles à comprendre qu'à correctement parler ou écrire.

f) un langage universel écrit, ou " pasigraphie " tel l'écriture idéographique internationale de Jean Effel. Mais ce n'est pas une langue parlée.

LES LANGUES NATURELLES

Les langues les plus parles dans le monde sont, dans l'ordre : le chinois (700), l'anglais (320), le russe (200), l'hindi (200), l'espagnol (180), l'allemand (100), le japonais (100), l'arabe (100) le bengali (100), le français (80), le portugais (80), l'indonésien (80), l'italien (60), l'ourdou (55) (voir notes en bas de page)

Les chiffres, en millions, donnés entre parenthèses, sont très approximatifs et sans doute périmés. Ce ne sont que des ordres de grandeur.

Le cas du chinois est spécial : son uniformisation d'un bout à l'autre de la Chine est loin d'être achevée, sauf en ce qui concerne l'écriture, idéographique. En revanche, celle-ci est comprise par les Japonais, qui pourtant parlent une langue qui n'est pas du tout de la même famille que le chinois.

De même les langues de l'Inde sont très nombreuses, bien que certaines (hindi, bengali) soient parlées par plus de cent millions de personnes.

L'ESSOR DE L'ANGLAIS

Dans les faits, l'anglais fait aujourd'hui figure de L.C.M. dans les domaines du tourisme, du commerce, de la science et de la technique. Cette réalité ne correspond pas aux souhaites de beaucoup, mondialistes ou non, mais on ne peut la nier, même si elle ne préjuge pas de la langue à choisir comme K.C.M. officielle par les Autorités Mondiales à venir et même si le pourcentage des habitants de la planète parlant anglais comme langue apprise n'est que de 1 % il y a 9 % qui la parlent comme langue maternelle.

Souvent l'on voit des commerçants ou des techniciens italiens et français correspondre entre eux en anglais même s'il s'agit d'un anglais approximatif. Des revues scientifiques italiennes, allemandes et même russes, sont entièrement publiées, sinon rédigées, en anglais. Cela s'explique : d'après une enquête récente 99 % des chercheurs francophones utilisent des ouvrages en langues étrangères, dont 97 % en anglais (pour les sciences exactes tout au moins).

Ceci est à rapprocher du pourcentage des élèves français ayant choisi d'étudier l'anglais comme première langue : 79 % en 61 % en 1954 et 42 % en 1914).

Les promoteurs de l'Interlingua la destinaient surtout aux spécialistes et aux scientifiques. Il est à craindre que malgré les qualités indéniables de l'Interlingua (voir ci-après)à la place soit déjà tenue solidement, dans ce domaine, par l'anglais.

LES LANGUES CONSTRUITES

Examinon d'abord les langues du type " naturaliste ". Les deux plus connues sont l'Interlingue et l'Interlingua.

L'Esthonien de Wahl a cherché à faire une synthèse des grandes langues de civilisation des pays occidentaux. L'occidental " qui est devenu, en 1949 l'Interlingue " est revenu aux temps composé pour la conjugaison et aux formes romanes à peine modifiées pour le vocabulaire.

Le souci de naturalité, aux dépens parfois de la logique et de la régularité, a été poussé à son extrême limite par l'Américain Gode. En 1951 est né ainsi l' " interlingua ", qu'il ne faut pas confondre avec l'occidental-interlingue, bien que ces deux langues se ressemblent assez fortement. Laissons la parole aux partisans de l'Interligua : " L'Interlingua " est une synthèse des grandes langues de civilisation. Les mots internationaux sont pour la plupart d'origine gréco-latine. Les langues slaves et germaniques possèdent une foule de mots de provenance gréco-latine. L'interlingua est fondée sur les 10.000 termes communs à ces grandes langues. Ce résultat a été obtenu après des travaux auxquels ont participé des linguistes de nombreux pays de 1920 à 1951.

Rappelons que Gode a insisté pour que l'Interlingua ne soit pas considéré comme candidate au rôle de L.C.M., mais uniquement réservée aux communications scientifiques.

L'Interlingue et l'interlingua ne sont en fait que dux variantes de la même langue. Elles ne sont pour ainsi dire jamais parlées mais presque uniquement écrites. D'après leurs partisans, elles sont comprises, pratiquement sans étude préalable, par les hommes cultivés du monde entier. Ce sont deux formes de latin simplifié et modernisé.

Passons maintenant aux langues de type " régulier ". La plus connue et de loin est l'espéranto. Mais il faut aussi citer l'Ido, qui, d'après ses partisans, est un Espéranto amélioré ".

LES SUCCES DE L'ESPERANTO

malgré ses défauts, réels ou prétendus (car les espérantistes réfutent les arguments des idistes), l'espéranto est la langue construite actuellement la plus répandue.

Dû à l'initiative prise, en 1887, par le Polonais Dr Zamenhof, l'espéranto se caractérise par un souci de régularité, de clarté et de logique. La grammaire comprend en tout seize règles sans exception. Le vocabulaire est surtout fondé sur des racines internationales connues, les autres racines sont à tout le moins communes à plusieurs langues.

D'après ses usagers, le secret de la grande facilité de l'Espéranto réside dans son système de préfixes et de suffixes : chaque racine donne naissance à un grand nombre de vocables, parfois jusqu'à une quarantaine. Les familles se forment par analogie d'une façon complète et spontanée. L'effet du " fundamento " strictement structural, peut être comparé à celui des chromosomes sur la matières vivante. Alors que toutes les langues dites " construites " ont des vocables conventionnellement déterminés tant dans leur forme que dans leur sens par leur fondateur, le plus souvent un linguiste, le lexique le l'Espéranto s'est formé à l'usage et le nombre des racines est passé de 1.000 à 10.000 non pas par le fait d'un homme, comme on l'imagine trop souvent, mais par celui d'une véritable communauté qui les a introduites au fur et à mesure de ses besoins. Il s'agit d'une langue non pas " schématique " mais " structuraliste " où les rapports définissent les termes et les formes sous un principe général de régularité où le " Fundamento " apparaît alors comme un " code génétique " (selon l'expression de N.Chomsky).

Les espérantistes insistent avec raison sur tous les aspects qui font de l'Espéranto, non pas un simple moyen d'expression, mais une langue, avec tout l'(aspect culturel que cela recouvre. Laissons-leur encore la parole :

La communauté mondiale espérantophone est une réalité sociale. .Répartie sur les cinq continents, elle dispose de tous les moyens d'information et de communication modernes pour se faire entendre : émissions radiophoniques, disques et bandes magnétiques, presse. Elle a ses troupes théâtrales, une littérature originale, etc.

Chaque année, un grand congrès universel, ainsi que des dizaines de rencontres internationales, rassemblent des milliers de participants, hommes, femmes, enfants. Pour ces derniers, l'espéranto est parfois la langue maternelle. Là, les gens ne cherchent pas à se débrouille en parlant ou en massacrant une langue étrangère : tous s'expriment dans une langue commune, humaine, et cessent d'être des étrangers les uns pour les autres. L'espéranto permet ainsi d'avoir des rapports non point superficiels ou épisodiques, mais réellement humains. N'est-ce point un des buts essentiels du tourisme ? De plus, un réseau de " délégué s " (environ 4000 répartis dans une soixantaine de pays) permettent des contacts en profondeur dans le pays visité, en absence de tout congrès.

Plusieurs milliers d'émissions en espéranto ont lieu chaque année sur les ondes. Il est enseigné dans une vingtaine d'universités et dans un très grand nombre d'écoles ou de lycées, parfoit à titre obligatoire. On ne compte plus les brochures commerciales, touristiques, les indicateurs de chemins de fer, etc. comportant un texte en espéranto. Au cours des dix dernières années, on a publié 344 œuvres traduites en Espéranto à partir de 29 langues. ;Près de 50 % des traductions viennent de Chine, du Vietnam ou du Japon, ce qui réduit à néant l'argument suivant lequel l'Espéranto est trop parqué par ses racines latines pour " prendre " en Asie.

L'Espéranto a survécu à deux guerres mondiales et à l'interdiction de dix dictatures.

La pratique de l'Espéranto a déjà commencé à rendre aux mondialistes certains services irremplaçables pour leurs liaisons à travers le monde. Le Registre International des citoyens du Monde a créé un service de traduction en espéranto (Moreto) et a établi des cartes en espéranto.

Un centre d'Enregistrement espérantiste fonctionne depuis de longues années. Plusieurs organisations espérantistes se sont déclarées mondialistes ou anationalistes. Et les espérantistes soulignent qu'ils vivent déjà, dans leurs congrès internationaux, le dépassement de la nation.

UN CODE IDEOGRAPHIQUE UNIVERSEL

Bien que le besoin essentiel soit celui d'une communication orale, directe et spontanée entre les hommes, il est des cas où une écriture rendrait de grands services.

La signalisation routière, certaines indications de sécurité, doivent être comprises de tous, même des étrangers. On utilise, dans ce cas, des symboles graphiques intuitivement compris, ou en tout cas facilement retenus après une seule explication. Cette observation a inspiré à Jean Effel, le dessinateur bien connu, son projet de code idéographique. Nous l'avons interrogé à ce sujet :

Quel est le but de votre projet ? s'agit-il d'une nouvelle langue ?

J.Effel : Non. Il s'agit d'une pasigraphie, c'est-à-dire d'une écriture universelle, et non pas d'une langue (pasilogie) comme l'Espéranto. Cette écriture idéographique représentant les idées, les notions, sera lue et prononcée par chacun dans sa propre langue. Les chimistes, musiciens ou mathématiciens chinois lisent bien les mêmes caractères que nous d'une manière totalement différente, ces caractères signifiant la même chose pour les uns et les autres. C'est d'ailleurs à la suite d'un voyage en Chine que mon projet est né.

Quelles sont les caractéristiques essentielles de votre écriture ?

J. Effel : Avant tout, l'absence d'arbitraire. Je suis parti au maximum de codes internationalement admis, ne serait-ce que par des " spécialistes " signalisation routière, notations mathématiques, chimiques, musicales, astrologiques … et bien d'autres encore, l'ensemble formant une base bien plus importante qu'on ne l'imagine à priori. S'y ajoutent des schémas figuratifs familiers dont le sens général est saisi intuitivement et dont je déduit divers dérivés à l'aide de procédés graphiques simples et jamais arbitraires.

Les signes indiquant les fonctions grammaticales sont eux-mêmes issus de la signalisation routière, très schématisée. La syntaxe est inspirée de l'écriture mathématique.

Quels avantages voyez-vous à cette solution ?

J. Effel : Tout d'abord, pour une adoption mondiale, il ne se pose ici aucun des problèmes politiques rencontrés dans le cas des langues nationales. Ensuite aux yeux d'un Chinois, par exemple, un tel code graphique est beaucoup moins arbitraire que l'espéranto. A ce propos, les domaines d'application d'une langue universelle sont très différents de ceux d'une écriture universelle.

Quel est l'avenir de la pasigraphie ?

J. Effel : le projet n'est pas achevé. Il faut maintenant que des groupes de spécialistes de divers pays et de divers domaines y travaillent pour le compléter, puis qu'un organisme du genre UNESCO prenne en considération ce projet.

UN LANGAGE UNIVERSEL ABSTRAIT

Des programmes pour la traduction automatique par ordinateur sont en cours de mise au point. Cette méthode deviendra indispensable lorsque la recherche documentaire par ordinateur se fera à partir d'analyses d'articles établies automatiquement. Pour ne pas avoir à écrire un programme pour chaque couple de langues, des chercheurs mettent au point un " langage-pont " basé sur des notions très générales, le plus souvent géométriques ou tirées des mathématiques modernes, et combinées les unes avec les autres. Ils poussent ainsi qu'à leurs limites les principes utilisés par l'espéranto et le code idéographique universel. Mais ce langage abstrait n'est pas destiné à être parlé, ni écrit, il sert uniquement d'intermédiaire implicite dans le processus de traduction.

CONCLUSIONS SOUS FORME DE QUESTIONS

Concernant la L.C.M. les points de désaccord sont nombreux, même entre mondialistes.

Voici quelques thèmes de méditation (ou de discussion) :

  1. Une L.C.M. est-elle nécessaire à l'établissement d'une Autorité Mondiale, ou sera-t-elle une conséquence de la mise ne place d'une telle Autorité ?
  2. Une langue mondiale peut-elle, ou doit-elle, remplacer les langues nationales ?
  3. Ne peut-on dire que la compétition reste vraiment entre l'anglais et l'Espéranto ?
  4. Les obstacles au succès d'une L.C.M. sont-il d'ordre linguistique ? ou politique ? ou psychologique ?
  5. Si on choisit une langue construite, doit-on rechercher avant tout la naturalité ou la régularité ?
  6. Que penser de la formule : " toute discussion est vaine, l'Espéranto a fonctionné ? "
  7. Que penser de la formule : " Toute discussion est vaine, l'anglais s'est imposé ? "
  8. Faut-il adopter la langue la plus répandue, ou celle qui aura été reconnue comme la meilleure par un aréopage impartial de linguistes ? Mais l'impartialité est-elle possible en ce domaine ?
  9. Quels sont les domaines d'application d'une langue uniquement écrite (pasigraphie) ?
  10. Pour une langue parlée, faut-il conserver la forme d'origine, ou favoriser son évolution, avec les déformations et schismes inévitables ?

N.B. Les Espérantistes insistent sur le fait que l'Espéranto évolue, sur la base du Fundamento, tout en conservant son unité tant du point de vue linguistique que sociologique.

Statistiques linguistiques en 2011 : (en millions de locuteurs nés)

  • Chinois (mandarin) : 1,213 (?)
  • Espagnol (castillan) : 329
  • Anglais : 328
  • Arabe : 221
  • Français : 220
  • Hindi : 200
  • Russe : 175
  • Portugais : 220
  • Bengali : 207
  • Allemand : 105
  • Japonais : 125

(source : Wikipedia)