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LIBRES PROPOS

Florian Ruymen

Lettre aux vivants.

Préface : ce texte martyr est là pour amorcer des consensus, merci donc de le martyriser en le coupant, en le frappant, en lui tordant le cou ; en un mot en lui donnant une bonne correction. Mon intention est d'essayer de poser le problème globalement et non de le résoudre.

Introduction

Si le monde devient intolérable, inacceptable, laid et malade; alors il se peut que le rôle de l'artiste soit de représenter l'intolérable, l'in-accepté, le moche, le fou ; pour que l'indignation deviennent consciente et marche vers ailleurs.

Notre média-sphère considère les signes comme des produits, pour être valorisés ils doivent être efficaces ou vendables. Pourtant les signes naissent à la vie par leur relation aux vivants qui les relèvent. Comme disait C.G. Jung, " tout dépend de la manière dont ils sont reliés à nous ". Ici réside peut-être la présomption de penser que la vie est quelque chose " qu'il faut prendre d'assaut, par un acte héroïque de la volonté." Nous aimerions lier inextricablement nos idées à nos pratiques et actionner nos vie dans une direction commune. L'action comme un " rite de libération ". Je cite L'homme et ses symboles par C.G. Jung, car je pense que l'artiste parle au social, comme le rêve parle à notre intime conscience. Insubmersibles rêves vous nous dites dans quels sens, coule demain. L'artiste est un médium entre le même et l'autre. L'artiste solitaire centré sur sa recherche reste souvent seul dans son intention de toucher la foule, sans profiter des coïncidences de nos petits réseaux de réseaux. La force et la volonté du groupe permet une action, ici et maintenant. Le chemin est le but, sans prévoir à l'avance ce que nous allons faire.

En passant du moi au nous, " un nouveau domaine s'ouvre à notre expérience grâce à la découverte de la fonction sociale du " soi ", qui travail à unir les individus isolés faits pour s'entendre." (Le processus d'individuation par M.-L. von Franz)

Nous pourrions nous réunir les vendredi matin, pour adapter nos plans à nos envies en organisant nos moyens pour résister au retour du même. L'artiste actuellement participe à une transmission injuste et inéquitable du capital symbolique. Une culture de riches domine et les œuvres deviennent très vite après leur création, des marchandises ou des déchets. A partir des débris de notre société, nous pourrions faire une sorte de " collage pluridisciplinaires dans l'espace publique " (artistes dans la rue + diffusion de contre-désinformations). Ce " collage " pourrait apparaître dans les quartiers et dans le monde, chargé de forces qui le dépassent. Un canal artistique dans les rues qui nous relient, avec un lieu et une structure " hard ware" pour focaliser les rencontres dans une action collective, fédératrice des volontés convergentes. Plus simplement dit, permettre des rencontres en utilisant l'outil, en vue de parler au cœur des gens. Comme le désir de rendre au hasard des rencontres des actions possibles. Nous cherchons des " relations significatives " dans la nature environnante, plutôt que des raisons causales autoritaires. Un " réseau de réseaux " plus vaste ne peut naître que d'une cohésion moléculaire, qui par une métamorphose de contact, va s'élargissant d'intimité en intimité.

Statut :

Une coopérative mondiale et libre, constituées par l'union d'individus et non d'associations. J'imagine un monde en voie de naissance depuis longtemps et pour longtemps. Nous avons tous un double lieu de naissance, le petit territoire géographiquement situé dans la localité, et le monde. " Les frontières sont devenues d'une précision géométrique : un millimètre et on est chez l'étranger. Jadis deux pays voisins déteignaient l'un sur l'autre, langues, coutumes, sentiments. Il y avait une zone intermédiaire, une sorte de no man's land, où des gens d'un pays ou d'un autre, ne se sentaient pas étrangers vis-à-vis l'un de l'autre. Aujourd'hui la frontière est truquée, bétonnée, chausse-trappée, barbellée, rendue inviolable. " Ils sont, dit Pascal, de l'autre côté de l'eau et pour cette raison géographique, ils sont l'ennemi ". Est-ce naturel ? S'il n'y avait, par ailleurs, dans des bureaux, dans des palais lointains, des gens qui menacent l'humanité, les gens de la frontière s'avanceraient de part et d'autre les uns vers les autres. D'ailleurs que de familles frontalières. (L'accroissement des populations pauvres pourrait s'enlacer, espérons-le avec le vieillissement des populations riches).

Se pose dés lors cette question : le but est-il l'amélioration de la situation des humains,

ou (et) le perfectionnement de la jouissance de quelques privilégiés (dont je suis) ? Qu'un accroissement de bien-être se produise et immédiatement la population accrue se présente au partage. " (Monde, essaie d'universalisme par P. Otlet, Editiones Mundaneum, Bruxelles, 1935 -{001}).

Le statut d'artiste pose la même question.

Les néo-capitalistes demandent la discipline de la profession organisée et les hauts salaires, mais non la participation du personnel à la gestion stratégique de l'entreprise.

Les socialistes relève d'une antinomie entre le mode collectif de production et le mode individuel d'appropriation.

Les syndicalistes révolutionnaires font l'apologie de la violence " seul moyen dont disposent les vivants abrutis par l'humanitarisme, pour retrouver leur ancienne énergie. Ils partagent avec l'impérialiste le sentiment que la vie est essentiellement conquête, annexion et si possible victoire."

Les catholiques sociaux croient que seule une réforme morale pourrait guérir le monde de la crise économique qu'il traverse. Ils donnent une place aux revendications des classes moyennes ; ils tendent vers la corporation organisée.

Et pour finir, les individualistes pensent à leur bonheur. Pour eux, le libre jeu des lois naturelles avec le minimum d'intervention de l'Etat, réalise l'harmonie sociale. L'intérêt personnel et la concurrence sont de puissants moteurs grâce auxquels la technique se perfectionne sans cesse et le bien-être général augmente (Colson, Deschamp).

L'économie dirigée, apparaît comme un système qui confie aux pouvoirs publics et associatifs la tâche de régulariser une activité économique naturellement instable. Elle repose sur le principe d'un secteur public et d'un secteur privé. Les premières tentatives ne furent des succès que pour quelques uns, au prix des autres. Aujourd'hui des marchés et des investisseurs anonymes placent les cadres des nos possibles et des nos libertés. Ce n'est plus le politique, mais le populisme qui mène la baraque. Division, " particratisme " et lobby d'influence, voilà comment règne la loi du plus fort.

Ce qui nous reste d'espoirs…

  • Pour le transport : le vélo (train, tram, bateau et planeur sont trop cher)
  • Pour santé : nous voulons l'accès aux soins pour toutes et tous partout et à tout instant. Une évolution vers une sécurité sociale à 100%, y compris pour l'optique et le dentaire.
  • Pour l'énergie : le renouvelable (vents, marées, soleil, géothermie,…)
  • Pour paix et désarmement : parler de paix sans parler du désarmement des états, c'est faire le jeu des marchands d'armes. La paix est le point de rencontre obligé du vivre ensemble. Les armes nucléaires de nos états sont capables d'anéantir l'humanité entière et toute vie sur terre. Les dépenses militaires mondiales s'élèvent actuellement à plus de 1.000.000.000.000 - oui, mille milliards de dollars par an et moins d'un tiers de cette somme, serait assez pour satisfaire les besoins vitaux du monde.
  • Pour information : non les pauvres ne se complaisent pas dans leur situation. Personne n'accepte de vivre dans la misère. La distinction entre " bon pauvre" qui veut travailler et " mauvais pauvre " qui ne veut pas s'en sortir, traverse l'histoire de la pauvreté. Cette distinction ressemble à celle qui sépare le " vrai artiste " reconnu du " faux artiste "qui glande. C'est surtout le manque de volonté politique de s'attaquer aux causes de la pauvreté (identifiées depuis Bourdieu), ou la possibilité d'accepter un visa pour artiste.
  • Pour la matière première : le recyclage des objets et des énergies (échanges de services)
  • Pour éducations : la libre intelligence collective (échanges des savoirs :de théories, d'expériences et de savoir-faire)
  • Pour consommation : le circuit cours (proximité ou identité entre consommateurs et producteurs) et les achats collectifs
  • Pour la finance : la banque sociale autogérée, microcrédits et monnaies alternatives (avec répartition des richesses via conventions collectives et assurances sociales)
  • Pour vie : un lieu et un statut sans censure, sans barrages. Il y a pourtant des secteurs : philosophie, renouvelable, droits, économie, santé, arts, cinéma, danse,…C'est pluridisciplinaire et intergénérationnel.
  • Pour statut : le statut pour tous, un droit à la vie (allocation minimum universelle pour santé, logement et éducation)
  • Pour travail : l'économie solidaire et distributive, l'insertion par une vie " pluri-active " et le libre mouvement des chômeurs.

Nous nous indignons devant un système basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme. Un système qui oblige des êtres vivants à vendre leur force de travail, sous prétexte qu'ils sont des facteurs de production. Un système où tout s'achète pour être vendu le plus cher possible. Un système où on spécule et où la croissance et la compétitivité semblent être les facteurs primordiaux. Un système où les 358 personnes les plus riches du monde possèdent autant que 2,3 milliards de pauvres. Les uns gèrent le superflu, amassent, conservent, alors que d'autres vivent dans l'exclusion, la précarité et manque de l'essentiel.

Je m'indigne, mais il est plutôt l'heure d'agir.

Pour faire jurisprudence et rendre les droits humains effectifs, nous avons un petit réseau de réseaux modestement prolongés jusqu'au degré mondial, il est informel et dans l'ombre de l'économie capitaliste mondialisée.

" Les idées modernes de mondialisme et de pacifisme, d'entente entre les peuples, en négligeant tout antagonisme réel, traduisent les vérités en erreurs et faussetés. En tant qu'esprit je ne vois dans les différentes langues des différentes nations, que des possibilités différentes de réaliser le sens de notre action." (La vie intime, H. de Keyserling, Editions STOCK, Paris 1933).

L'acceptation du rythme naturel des mouvements est le premier pas vers la réalisation d'un sens. Le bonheur est un état statique, cette idée n'a pas de sens. Or la vie, aussi longtemps qu'elle dure, est en marche ; si elle s'arrête, c'est qu'elle cesse d'exister. C'est pourquoi les éléments véritablement vitaux de nos pluri-activités, de touche à tout et de touche à tous ; n'existe que en fonction de leur mouvement. Dés lors, le commun dénominateur commun des aspirations humaines ne saurait être le soi-disant bonheur atteint (l'est-il jamais ?) ; mais uniquement ce qui mène au bonheur : les activités qui rendent heureux. En dehors des besoins vitaux, ce dénominateur commun entre nous, c'est la créativité. Un autre monde est en marche, à nous de le rejoindre. Personne n'aime être jugé, ni moi, ni l'inhumanité entière. Nous souffrons des conséquences de ce que nous imposons à la terre et à ses habitants. Les vivants partagent cette capacité de lire la souffrance et la joie sur le visage des autres vivants, c'est la sororité et la fraternité des vivants entre eux. Pas besoin de poser dieu, pour ressentir ce vivre ensemble. Par conséquent nous constatons ici-bas, que notre bien-être grandit quand nous pouvons soulager la souffrance ou faciliter la joie de nos semblables. La force économique mondiale était réputé imprenable. Ce n'est pas que j'aime tuer les rêves, mais puisqu'il est là à portée de main, dans une rencontre, nous pourrions agir.

Seulement, ce n'est que conviction (homme riche qui rêve…)

Ensemble, cela devient action (vivant qui sève…)

Il se peut que nous soyons ceux qui avons la possibilité d'ouvrir ensemble une Ambassade d'un autre monde et un registre marollien des citoyens du monde. Les objets de couleurs vives qui viennent de l'étranger dans l'espace publique, font peurs et attirent. Née de la volonté ardente des vivants de refuser la défaite, la résistance n'a d'autre raison d'être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée et unifiée. Cette mission de combat pacifique ne doit pas prendre fin, ce n'est, en effet, qu'en regroupant toutes ses forces autour des aspirations unanimes que nous retrouverons notre équilibre mental-electro-mental.

Nous voudrions réaliser une utopie réaliste :

-mettre en place un revenu d'existence (qui est réel partage efficace des richesses, de la naissance à la mort comme usufruit de l'énorme patrimoine (fruit d'une œuvre collective) que nous trouvons en naissant. Commençons par développer les expériences de monnaies solidaires et distributives, car l'argent n'est que l'outil. Remplacer la propriété privée par la propriété d'usage.

  • Objet : Un canal de diffusion dans la rue. 5 projecteurs mobiles sur vélo, qui passeront dans les endroits stratégiques des 19 communes.
  • Moyen : Nous, 5 projecteurs; 5 vélos, 5 baffles, 1 rue
  • Pourquoi ? Pour refuser l'inacceptable.
" Arrêter d'en parler et en autogestion le faire. Passer du stade de sujet au rôle d'acteur ".

Que de temps perdu. (inspiré par Roger Winterhalter).

Texte et projet diffusés le 24/07/2012

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