Dans de nombreuses réunions Nord-Sud, en
particulier dans celles de la CNUCED, les pays en
voie de développement ont demandé des
mesures pour stabiliser les cours des matières de
base dont ils sont les principaux fournisseurs. Dans ce
but, il a été décidé
plusieurs fois de constituer des stocks de ces
matières afin d'amortir les très fortes
variations enregistrées sur les cours qui
interdisaient aux pays en voie de développement,
faute de rentrées régulières de
devises, une application correcte de leurs plans de
développement. Ces décisions de
constitution de stocks sont restées
théoriques par manque du financement très
important nécessaire pour cette
réalisation.
C'est cette difficulté qu'a cherché
à lever Charles WARIN par ses conceptions
nouvelles, exposées dans son livre posthume
"Une monnaie pour un nouvel ordre économique
mondial". Il propose, après
l'établissement d'une convention entre les pays
intéressés (si possible tous les pays du
monde), de créer un secteur organisé du
commerce international des matières
premières, une Caisse Internationale des
matières premières chargée
d'acquérir, de gérer et de vendre les
stocks à constituer. Dans ce but, la Caisse
émet une monnaie nouvelle " le primon ",
non pas distribuée, mais gagée sur la
valeur vénale des stocks de matières
premières qu'elle gère. Le primon
destiné au commerce internationale et pouvant
servir de monnaie de réserve a le grand avantage
d'être "anational", contrairement au dollar
américain, actuellement principale devise
employée pour le commerce international et comme
monnaie de réserve avec tous les
inconvénients que comporte cette monnaie nationale
pour tous les autres pays et même pour les
États-Unis.
Charles WARIN prévoit ainsi le financement des
stocks de matières de base. Son projet va beaucoup
plus loin pour essayer d'obtenir une adéquation de
la production à la consommation pour chaque
matière de base. Il a prévue un
mécanisme très précis pour obtenir
ce résultat en agissant sur la différence
entre prix d'importation et prix d'exportation afin de
provoquer, s'il y a lieu, de nouveaux investissement
productifs, les stocks devant permettre d'attendre
l'arrivée des productions supplémentaires
qui en résultent. Dans le cas contraire, le prix
d'exportation tendra à freiner la production. Des
mesures sont prévues pour limiter les
matières de base à gérer à
celles pouvant être facilement stockées sans
frais excessifs.
Le projet de Charles WARIN comporte donc, en gros,
deux volets, la création d'une monnaie
destinée au commerce international, le
primon, à laquelle pourront accéder
les pays en voie de développement, fournisseurs de
matières de base, alors que le Fonds
Monétaire International limite leurs
possibilités de financement en raison de leurs
faibles quotas, puis la mise en place d'un système
de gestion de stocks de réserve destiné
à apporter aux pays en voie de
développement une stabilisation des cours dont ils
bénéficieront pour leur
développement.
En fait, la stabilisation des cours des
matières premières découle d'une
volonté politique. Les pays riches l'ont-ils
vraiment ?